AEI-WEB-SOUFFRANCE-PANNEAU

Souffrance

Définition : Fait de souffrir, d’éprouver une douleur physique ou morale.
Centre national de ressources textuelles et lexicales

La Shoah : son caractère unique dans l’histoire des hommes

« Le principal danger aujourd’hui, c’est la banalisation, qui fait qu’on en parle à mauvais escient, qu’on s’y réfère en des occasions qui ne le justifient pas, qu’on cherche à dévoyer la mémoire au service d’une cause quelconque. La menace, c’est celle de la comparaison des souffrances, de la relativisation des martyres, de la concurrence des victimes. Bien sûr, d’autres génocides ont été commis depuis. Mais transmettre la mémoire du massacre des juifs d’Europe, c’est aujourd’hui, avant tout, rappeler son caractère unique dans l’histoire des hommes. La Shoah, cette entreprise de destruction systématique de tout un peuple, sur tout un continent, ne souffre pas de comparaison. La diffamation des victimes et l’infidélité de la mémoire commence quand on songe à relativiser l’absolu au lieu de l’enseigner. »
Simone Veil, Discours prononcé à l’occasion de la Journée nationale de commémoration de la rafle du Vel d’Hiv, 2005

La solitude abominable de la souffrance

« Après ce récit, il y eut du silence, entre Frager et moi. Silence peuplé pourtant d’ombres fraternelles. Nous en tombâmes d’accord, en effet, ce jour-là : l’expérience de la torture n’est pas seulement, peut-être même pas principalement, celle de la souffrance, de la solitude abominable de la souffrance. C’est aussi, surtout sans doute, celle de la fraternité. Le silence auquel on s’accroche, contre lequel on s’arc-boute en serrant les dents, en essayant de s’évader par l’imagination ou la mémoire de son propre corps, son misérable corps, ce silence est riche de toutes les voix, toutes les vies qu’il protège, auxquelles il permet de continuer à exister. Et sans doute l’être du résistant torturé devient-il un être-pour-la-mort, mais c’est aussi un être ouvert au monde, projeté vers les autres : un être-avec, dont la mort, éventuelle, probable, nourrit la vie. »
Jorge Semprun, Exercices de survie, Gallimard, 2012

La démolition d'un homme

« Alors, pour la première fois, nous nous apercevons que notre langue manque de mots pour exprimer cette insulte : la démolition d’un homme. En un instant, dans une intuition quasi prophétique, la réalité nous apparaît : nous avons touché le fond. Il est impossible d’aller plus bas : il n’existe pas, il n’est pas possible de concevoir condition humaine plus misérable que la notre. Plus rien ne nous appartient : ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures, et même nos cheveux ; si nous parlons, ils ne nous écouteront pas, et même s’ils nous écoutaient, ils ne nous comprendraient pas. Ils nous enlèveront jusqu’à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de ce que nous étions, subsiste. Nous savons, en disant cela, que nous serons difficilement compris, et il est bon qu’il en soit ainsi. Mais que chacun considère en soi-même toute sa valeur, toute la signification qui s’attache à la plus anodine de nos habitudes quotidiennes, aux milles petites choses qui nous appartiennent et que même le plus humble des mendiants possède : un mouchoir, une vieille lettre, la photographie d’un être cher. Ces choses-là font partie de nous presque autant que les membres de notre corps, et il n’est pas concevable en ce monde d’en être privé, qu’aussitôt nous ne trouvions à les remplacer par d’autres objets, d’autres parties de nous-mêmes qui veillent sur nos souvenirs et les font revivre. Qu’on imagine maintenant un homme privé non seulement des êtres qu’il aime, mais de sa maison, de ses habitudes, de ses vêtements, de tout enfin, littéralement de tout ce qu’il possède : ce sera un homme vide, réduit à la souffrance et au besoin, dénué de tout discernement, oublieux de toute dignité : car il n’est pas rare, quand on a tout perdu, de se perdre soi-même ; ce sera un homme dont on pourra décider de la vie ou de la mort le cœur léger, sans aucune considération d’ordre humain, si ce n’est, tout au plus, le critère d’utilité. On comprendra alors le double sens du terme camp d’extermination et ce que nous entendons par l’expression toucher le fond.
Primo Levi, Si c’est un homme, Pocket, 1999

Quand les âmes n’y sont plus : Violette Lecoq, planche 23
© Mémorial de la Shoah/coll.Rougier-Lecoq
Quand les âmes n’y sont plus : Violette Lecoq, planche 23 © Mémorial de la Shoah/coll.Rougier-Lecoq
Autoportrait à la clé, Felix Nussbaum Self Portrait with Key at St. Cyprien Detention Camp, 1941 Oil on plywood, 48 x 37.5 cm Signed and dated vertically, lower left : Felix Nussbaum 1941 Collection of the Tel Aviv Museum of Art Gift of Philippe Aisinber and Maurice Tzwern, Brussels, 1991 In memory of Uniyl Tzwern and all the victims of Fascism Photo: Margarita Perlin
Autoportrait à la clé, Felix Nussbaum Self Portrait with Key at St. Cyprien Detention Camp, 1941 Oil on plywood, 48 x 37.5 cm Signed and dated vertically, lower left : Felix Nussbaum 1941 Collection of the Tel Aviv Museum of Art Gift of Philippe Aisinber and Maurice Tzwern, Brussels, 1991 In memory of Uniyl Tzwern and all the victims of Fascism Photo: Margarita Perlin
Magneto © Marvel éditions 2008-2009, Greg Pack, Carmine di Giandomenico, avec le soutien du Simon Wiesenthal Center, Stuart Weitzman
Magneto © Marvel éditions 2008-2009, Greg Pack, Carmine di Giandomenico, avec le soutien du Simon Wiesenthal Center, Stuart Weitzman