AEI-PROPAGANDE-PANNEAU

Propagande

Définition : Action psychologique qui met en œuvre tous les moyens d’information pour propager une doctrine, créer un mouvement d’opinion et susciter une décision.
Centre national de ressources textuelles et lexicales

Citations :

« La mauvaise conscience générale permet à chacun de se gratifier d’une bonne conscience individuelle : ce n’est pas moi qui suis responsable, puisque tout le monde l’est. »
Simone Veil, une vie, Stock, 2007

« Les plus grands triomphes, en matière de propagande, ont été accomplis, non pas en faisant quelque chose, mais en s’abstenant de faire. Grande est la vérité, mais plus grand encore, du point de vue pratique, est le silence au sujet de la vérité. »
Aldous Huxley, Le meilleur des Mondes, Pocket, 2002

« S’il fallait l’étoile jaune pour reconnaître les Juifs sous l’occupation, c’est donc qu’ils n’étaient pas si différents que le prétendait la propagande nazie. »
André Frossard

Jeune et Nazi

« Que se passa-t-il pendant l’enfance de cette génération de la classe moyenne allemande qui fit d’elle une telle source de pouvoir pour les maîtres du IIIe Reich ? J’incriminerais surtout l’atmosphère sombre des lendemains de la première guerre mondiale. Nos parents se plaignaient sans cesse de l’appauvrissement croissant de l’Allemagne… Nous entendions toujours les adultes parler de tel ou tel de leurs amis qui avait perdu son emploi et ne savait plus comment faire vivre sa famille. On comptait à la fin six millions de chômeurs. (…) On entendait sans cesse répéter que l’une des raisons de ce triste état de choses était l’influence grandissante des juifs. Quand j’étais entrée à dix ans au lycée, le tiers de mes camarades étaient des juives et je les traitais exactement comme les autres. Mes parents fréquentaient des collègues juifs de mon père et l’excellent vieux M. Lévy qui occupait l’appartement au-dessous du nôtre, était un ami. Mais tout cela n’empêcha pas mes parents d’être antisémites… Les adultes nous enseignèrent que les juifs étaient mauvais, qu’ils faisaient cause commune avec les ennemis de l’Allemagne, etc. Pour nous, le juif faisait donc figure d’épouvantail… J’avais acquis des tendances antisémites sans que cela troublât mes relations avec des juifs… Cette confusion mentale me permit par la suite, de me conduire et de penser en antisémite, sans me rendre compte de ce que cela avait d’inhumain, sans me poser de questions sur ma propre honnêteté mentale. Si l’orgueil national de ma génération n’avait pas été exacerbé par l’amertume de la défaite, il n’aurait jamais tourné au fanatisme, comme il le fit sous l’influence de Hitler. Dès le début, notre vision des choses manqua de modération… Nous étions donc prêts pour devenir des nazis enthousiastes… Nous rêvions de nous sacrifier à un idéal… L’idée de Hitler d’une « association de toute la nation » me fascinait. J’imaginais que cela ferait de ce monde un paradis où toutes les classes vivraient ensemble comme les membres d’une même famille. Je ne pensais pas alors que quantité de gens seraient exclus de ce paradis. Hitler réussit à nous communiquer son fanatisme… Le fanatique croit que la fin justifie les moyens. Il ne voit que le but à atteindre et reste sourd à tout le reste. En nous, sans que nous nous en rendions compte, peut s’estomper la frontière qui sépare le bien du mal. L’abominable, c’est que ce ne sont pas des gangsters ni des brutes, mais des hommes bons, dont l’esprit et l’âme étaient honorablement doués, qui se sont mis au service d’un mal sans limites. En mars 1933, et contre le vœu de mes parents, j’adhérai secrètement aux Jeunesses Hitlériennes… »
Melita Maschmann, Ma jeunesse au temps du Nazisme, Plon, 1964

Si je me tais, je vais me faire complice du négationnisme

 « (…) Le négationnisme m’a poussé à témoigner car je me suis dit : si je me tais, je vais me faire complice du négationnisme, comme les Arméniens se sont tus pendant presque un siècle et leur déni a encouragé le négationnisme de certains Turcs. Alors que s’ils avaient témoigné tout de suite, s’ils avaient milité tout de suite, probablement, le négationnisme de certains Turcs aurait été plus difficile. Donc, je me suis dit, le négationnisme m’oblige à témoigner, même si c’est un effort de ma part. (…) Les historiens ont un autre accès à l’événement. Ils ont un accès sur les archives. Parfois les archives sont étonnamment opposées au témoignage. Mais parfois les archives des historiens se trompent. Et on fait parler les archives. Par exemple : j’étais enfermé dans la synagogue de Bordeaux, où je devais partir à Drancy et à Auschwitz. Et lorsqu’il y a eu le procès Papon (1997), Papon a montré un document – ou l’avocat de Papon a montré un document- et Papon disait « j’ai fait œuvre humanitaire puisque j’ai commandé des boîtes de lait Nestlé et des couvertures pour protéger ces enfants ». Et il montrait la commande signée par Maurice Papon. Je me rappelle très bien ces boîtes de lait Nestlé et cette couverture. Les boîtes de lait Nestlé servaient à grouper les enfants. On les appâtait avec des boîtes de lait Nestlé. La couverture servait à localiser les enfants donc ces enfants ont tous été mis dans un seul wagon qui a été scellé et ils sont tous morts. Donc les archives disent « preuve de l’humanité / j’ai fait œuvre humanitaire ». Voilà ce que disent les archives. Et mon témoignage dit « Les archives mentent. Les archives interprètent mal un fait qui a servi à tuer les enfants plus facilement. » S’ils avaient couru partout, on n’aurait pas pu les tuer aussi facilement. Moi je crois qu’il faut associer les deux : les témoignages qui sont une forme de souvenir pour des raisons psychologiques et pour des raisons historiques et les archives parce que des fois ce sont les témoins qui se trompent étonnamment. »
Témoignage de Boris Cyrulnik, Des mots pour comprendre, 2011, transcription